Événements

Salles de lecture et usages de demain

Mixer les usages en salle de lecture : quand le design s’en mêle

Par Marie VIARD, Archives municipales de Saint-Étienne et un designer de l’équipe de maîtrise d’œuvre

Dans le cadre du projet de nouvel équipement des archives métropolitaines (livraison 2022-2023), les archives municipales de Saint-Étienne sont engagées dans l’écriture du programme technique détaillé. Ce nouvel équipement accueillera également deux associations patrimoniales, la cinémathèque, le service scientifique des musées et un datalab. De nombreux espaces seront ainsi mutualisés (espace d’exposition, accueil pédagogique, salle de projection, etc.). La salle de lecture apparaît alors comme un enjeu central car rassemblant de nombreuses interrogations : quel niveau de mutualisation avec les autres équipements, quelle médiation aujourd’hui et demain, tiers lieu de médiation de la donnée avec le datalab ? Nous devons ainsi imaginer la salle de lecture, telle quelle pourrait être dans 10 ans, 20 ou 30 ans, dont l’objet et les usages sont en partie à réinventer, entre papier et numérique.

Saint-Etienne, ville Unesco design, dispose d’un design manager en interne et bénéficie de la présence de la Cité du design (dont une l’Ecole d’art et design). A ce titre, la démarche design est inscrite dans les processus interne de la Ville et de la Métropole. L’équipe de maîtrise d’œuvre retenue pour ce nouvel équipement bénéficie d’une compétence design dont une partie des missions sera d’apporter une réflexion sur les usages futurs de la salle de lecture, dans sa conception, son organisation et son ergonomie. L’intervention se décomposera en deux parties. En présence du designer, elle présentera dans un premier temps les enjeux et réflexions menées par les archives municipales et le designer. Un second temps sera l’occasion d’une première restitution de l’atelier salle de lecture et usages de demain proposé le 3 avril à 14h30 et animé par les archives municipales et le designer.

Une restitution publique de ces réflexions est envisagée lors de la Biennale du design 2019.

 

Pré-session de préparation le mercredi 3 avril de 14h30 à 15h30 en salons Le Corbusier 3-4 :

En prévision de la séance du 5 avril consacrée aux nouveaux usages de la salle de lecture, les archives municipales de Saint-Étienne proposent une pré-session de réflexions, sous forme d’atelier/séance de créativité. Avec l’aide du designer qui accompagnera le projet de futur bâtiment des archives municipales et métropolitaines, il s’agira d’imaginer ensemble à quoi ressemblera ou devrait ressembler la salle de lecture de demain tant en termes d’aménagement que d’organisation et de fonctionnalités. Devant le développement des salles de lecture virtuelles et des usages numériques, une fréquentation moindre des lecteurs physiques et parfois la nécessité de mutualiser des espaces, que restera-t-il de la salle de lecture que nous connaissons aujourd’hui ? Priorité à donner aux originaux, lieu de médiation à la donnée, tiers-lieu ? Quel sens et quelle âme donner à cet espace, lieu de rencontre entre les documents et le public ? Comment imaginer et permettre l’évolution et la modularité des usages ?

Venez partager vos réflexions et construire ensemble la salle de lecture du futur. Les premières pistes de réflexions qui émergeront de ces échanges seront présentées lors de la séance consacrée aux nouveaux usages de la salle de lecture, puis pourraient faire l’objet d’un article dans Archivistes !.

Principe : 15 personnes, sur inscription


La salle de lecture de demain : réflexions en cours aux AD 40

Par Marie BALAYER-BRASIER, Archives départementales des Landes

Suite à deux années de réorganisation du service la construction d’un PSCE s’imposait.
C’est dans le cadre des débats d’orientation, menés à la fois auprès des usagers et en interne, qu’un groupe a travaillé sur le sujet de la salle de lecture. L’état des lieux, dressé sur les cinq dernières années d’exercice, pose les constats suivants :
– en 5 ans, la salle de lecture a perdu 38% de son lectorat ;
– le nombre des communications par lecteur a quant à lui augmenté, passant de 14.93 documents par lecteur en 2012 à 20.53 en 2016 ;
– les recherches scientifiques ou administratives ont augmenté au regard des recherches généalogiques.
Les réflexions et discussions ont permis de dégager l’objectif suivant : faire évoluer le service au public en salle de lecture en :
– proposant des espaces de consultation inédits dans le service ;
– s’adaptant à l’évolution des usages et aux besoins des usagers ;
– renforçant le rôle de médiateur de l’archiviste.

Des propositions concrètes ont été formulées dont la mise en œuvre va être étudiée :
□ créer des espaces de consultation différenciés : salle de consultation classique, salle de recherches collectives, espace d’expériences numériques, salon de médiation autour de la valorisation des fonds ;
□ développer les usages numériques grâce à la mise en place d’un espace numérique dédié à des usages collaboratifs et innovants dans le service.
□ renouveler la médiation auprès des publics en salle de lecture. Cette ambition repose sur :
– la conception d’éléments signalétiques nouveaux ;
– des instruments de recherche mieux structurés et mieux conçus pour une utilisation par le public ;
– des agents formés à l’accompagnement individuel des lecteurs ;
– des agents « médiateurs » valorisant des fonds dans le cadre de moments dédiés.

La salle de lecture de demain, c’est peut-être réinventer un espace, des usages et faire évoluer la relation à l’usager.


L’utilisation des archives dans le cadre d’enquêtes journalistiques

Par Stéphanie TROUILLARD, Journaliste – France 24

Depuis plusieurs années, je me suis spécialisée dans l’histoire de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. J’ai réalisé deux enquêtes sur le long cours pour mon livre sur mon grand-oncle résistant et pour mon webdocumentaire sur une jeune lycéenne déportée. Dans ce cadre, je me suis rendue dans de très nombreux centres d’archives nationaux, départementaux et locaux. L’idée de cette communication est de faire un retour d’expérience sur les difficultés et les facilités que j’ai rencontrées au cours de mes enquêtes pour avoir accès à certains documents.

 

Politique des services d’archives

La transparence aux Archives nationales : une nécessité qui s’impose de plus en plus

Par Béatrice HEROLD, Archives nationales

 

Depuis quatre ans, la question de la transparence aux Archives nationales s’est posée de plusieurs manières. Son objectif principal est, d’une part, de donner plus de visibilité à notre institution (ouverture totale pour permettre leur ré-utilisation de nos ressources archivistiques libres de droits), d’autre part de mieux rendre compte de nos actions (publication du registre de nos entrées d’archives annuelles publiques, privées, sous format papier ou numérique, publication de l’état de nos fonds non classés et de nos priorités de classement à court et moyen terme) et enfin de mieux connaître les besoins de nos usagers, par exemple à travers l’enquête sur la salle des inventaires virtuelle des Archives nationales (SIV). Il s’agit de savoir si les actions que nous lançons, sont comprises, appréciées ou au contraire décalées, et inversement de mieux faire comprendre à ces usagers, nos propres limites et difficultés, par exemple avec l’ouverture des fonds de la seconde guerre mondiale et la question complexe de la déclassification des archives. Le développement des partenariats scientifiques, ainsi que des contributions collaboratives, permettent également de faire participer les usagers aux choix de descriptions des archives ou encore de numérisation. C’est ainsi que nous avons mis en place un comité des usagers des Archives nationales pour échanger tant sur les modalités de fonctionnement des salles de lecture, que des évolutions de la SIV, des programmes de numérisation ou encore des politiques de ré-évaluation des archives. C’est également dans ce contexte que nous avons initié fin 2017 un barcamp et prévu pour fin 2018 un hackathon sur la thématique de la citoyenneté afin de mieux comprendre quels usages pourraient être faits de nos ressources numériques et quels types de services en tirer. C’est une démarche à la fois passionnante, exigeante et parfois délicate, car elle peut mettre en lumière la distance parfois grande entre les attentes et nos offres actuelles, ou encore susciter des malentendus. Elle est dans tous les cas riche d’enseignements.


Le Projet scientifique, culturel et éducatif, vecteur de transparence ?

Par Hélène MAURIN, directrice des archives départementales de la Haute-Savoie

 

Les Archives départementales de la Haute-Savoie ont élaboré entre fin 2017 et 2018 leur Projet scientifique, culturel et éducatif pour la période 2018-2021. Il s’agit de proposer un retour d’expérience sur la construction de ce projet et de se demander si et comment le PSCE permet davantage de transparence non seulement au sein de l’équipe mais aussi vis-à-vis des décideurs, des usagers et du grand public.

L’archiviste se dévoile

Les freins à l’accès aux archives, entre contraintes métier et régulations sociales

Par Margot GEORGES, ASGRALMA, et Damien HAMARD

L’appel à communications du forum 2019 pose, dans le libellé de l’axe 2, comme une évidence que l’archiviste donne accès aux archives. Pourtant l’archiviste est lui-même soumis à un certain nombre de contraintes autres que juridiques – techniques, hiérarchiques, politiques, financières -, conditionné par sa formation, porteur d’engagements personnels et éthiques, inséré dans des réseaux de sociabilité divers, sensible aux revendications sociétales. Quant aux services d’archives, ce sont des espaces physiques et sociaux en tant que tels.
La table ronde propose d’interroger ce rôle de l’archiviste, gardien du temps et/ou passeur de mémoire. Comment les archivistes mettent en œuvre cette responsabilité de communication ? quels sont les choix effectués ? comment sont-ils justifiés et comment s’articulent-ils avec les attentes plus ou moins explicites de la société ? Pour réfléchir à ces questions, différents angles de vue sont possibles. La figure de l’archiviste peut être interrogée en tant que telle. Des focus sur des types d’archives – archives de la recherche, archives sensibles… – peuvent aussi être éclairants. La table ronde sera également l’occasion de rendre compte des résultats du séminaire de recherche conduit entre 2014 et 2018 par le laboratoire Temos (Temps, Mondes, Sociétés – CNRS Fre 2015) et l’équipe Alma sur les fonds et collections comme espaces de régulation sociale et d’interroger certains pratiques archivistiques, leur priorisation (collecte, classement, publications, indexation, automatisation) et leurs éventuelles conséquences.
Communication préparée avec Bénédicte Grailles (présidente d’Asgralma, maîtresse de conférences en archivistique), Charly Jollivet (docteur en archivistique) et Magalie Moysan (doctorante en archivistique) membres du laboratoire Temos.


Non archivistes, vous n’êtes pas transparents !

Par Rémy ROQUES, Directeur conformité des offres, La Poste, et Antoine MEISSONNIER, département des archives, de la documentation et du patrimoine du ministère de la Justice

Transparence : le mot renvoie à la pureté, la clarté, la limpidité, mais aussi à l’invisibilité. Dans nos structures, bien souvent en quête de rationalisation (tout du moins, est-ce objectif affiché), l’invisible est inutile.
L’archiviste appartient à ces fonctions support dont l’organisme qui les emploie attend d’elles qu’elles soient efficaces sans demander leur reste, sans s’afficher trop ouvertement.
L’historien n’est pas loin de demander la même chose : l’archiviste doit être un passeur d’archives. Qu’il accumule et décrive les documents, l’historien se chargera de l’analyse.
Cette transparence, en tant que compétence professionnelle requise, ne conduit elle pas à un sentiment d’inutilité, de frustration d’une partie des professionnel des archives ? Je souhaiterai apporter, par sondage, des preuves factuelles de ce qui n’est pour l’instant qu’un ressenti (ressenti qui se fonde sur des conversations menées avec des collègues, amis et lors de formations à l’AAF ou de journées d’études).
Si l’intuition se confirme, alors ma communication sera celle d’un ancien archiviste qui peut dire à ces anciens collègues pourquoi ils ne sont pas transparents. Et pourquoi ce que certains d’entre eux voient comme «une politique des petits pas» est socialement utile et qu’elle doit être valorisée, en ne perdant pas de vue que toute valorisation d’une profession amène des compromis.


Autour du goût de l’archive à l’ère numérique: dialogue entre archivistes et historien.ne.s

Par Frédéric CLAVERT, C2DH, Université du Luxembourg, et Céline GUYON, Olkoa

Il y a 30 ans, Arlette Farge publiait « Le goût de l’archive ». Elle y abordait la relation de l’historien.ne aux archives sous l’angle de la culture matérielle: le rapport, physique, intime à l’archive; l’importance de la salle de consultation des archives; les conditions de la copie, manuelle, de l’archive; et, en filigrane, la relation entretenue par l’historien.ne aux personnes évoquées dans les archives dépouillées. Pendant au moins deux décennies, « Le goût de l’archive » a été la matrice du travail des historien.ne.s. Mais qu’en est-il aujourd’hui, à l’ère numérique? Cette table-ronde croisera les regards d’archivistes et historien.ne.s autour des archives à l’ère numérique, sur la base des chapitres déjà publiés du projet « Le goût de l’archive à l’ère numérique » (http://www.gout-numerique.net/) qui tente de reprendre cette question de la culture matérielle liée aux archives à une ère où l’archive tend à se dématérialiser. Les intervenants tenteront de confronter les points de vue parfois divergents sous l’angle croisé des besoins et imaginaires numériques des historiens et des contraintes et aspirations des archivistes.

Au-delà de cette intervention, son enjeu est de participer à enrichir le dialogue entre les deux professions. Ce dernier est parfois difficile, comme l’a montré le débat autour des archives essentielles, il peut reposer sur des fondements communs, notamment sur un sujet, les archives à l’ère numérique, dont l’importance, pour les historien.ne.s comme pour les archivistes, croît depuis plusieurs années.


L’archiviste obscur gardien du secret ou flamboyant communicant ?

Par Sonia DOLLINGER, Direction du Patrimoine culturel et des Archives – Ville de Beaune

Le fait qu’en 2019 se pose encore parfois avec méfiance cette question de la manière dont l’archiviste donne accès aux archives renvoie à des représentations à la fois passéistes et pourtant ancrées dans l’inconscient collectif. La fiction est remplie d’archivistes revêches renvoyant leurs lecteurs d’un regard méprisant ou dissimulant volontairement ou non des informations. Avec l’ouvrage de Sonia Combe en 1994, la profession d’archiviste est directement confrontée à la question et ce stéréotype d’archiviste gardien du secret fait irruption brutalement dans notre réalité, nous permettant un peu douloureusement de nous questionner sur notre rôle. Si le choc est brutal, il n’en est pas moins salutaire, obligeant l’archiviste à sortir de son rôle de gardien du temple pour endosser peu à peu le rôle du pédagogue et du communicant.

Transparence et archives de la santé

Le dossier du patient : un outil pour la recherche de la vérité ?
Par Aurélie Leroy-Frangeul, responsable des archives du CHU de Rennes, et Marie-Laure Kervegant, responsable des archives au centre hospitalier Bretagne Atlantique

L’objet de cette intervention est de s’interroger sur la communication du dossier patient dans les établissements publics de santé et sur ses usages dans la recherche de la vérité.
Après un rappel sur la notion de dossier patient, ainsi que sur les évolutions de l’accès au dossier médical : celles-ci font passer la communication par un tiers-médecin à l’exercice du droit d’accès par le patient directement. Les intervenants s’attacheront à présenter les différentes catégories de personnes habilitées à consulter ou à accéder au dossier médical du patient à la recherche d’une vérité.
Que ces droits d’accès soient exercés par le patient lui-même ou ses ayants droit ou différents tiers, ils sont tous à la recherche d’une vérité, généralement pour l’application d’un droit. Le médecin qui vient contrôler la tarification à l’activité et la « vérité » de la facturation ; l’expert qui vérifie l’exactitude de dires ; l’assureur qui via le patient vérifie s’il prend le risque d’assurer le patient ou s’il doit lui verser une indemnisation ; une personne à la recherche de ses origines ; la justice qui au travers du dossier médical soit confrontera les dires du « mise en cause » ou établira les dommages subis par la victime, …
Cette intervention ne portera pas exclusivement sur une présentation « réglementaire » du droit d’accès au dossier du patient ni sur l’inventaire de l’ensemble des personnes habilitées à le consulter. De même qu’il ne s’agira pas de faire une description des modalités d’accès (comment fais-je une demande, dans quel délai puis-je espérer une réponse sauf si cela apporte un éclairage à la présentation).

A l’aide d’exemples croisés entre un centre hospitalier et centre hospitalier universitaire et de leurs retours d’expériences, il sera présenté un éventail d’usages dont la finalité est d’établir la / une vérité et qui n’ont, au final, que peu de rapport avec le but premier de la création d’un dossier patient.


Les règles de déontologie mise en œuvre à la HAS au travers du processus d’élaboration d’un avis
Par Frédérique Fleisch, records manager et Elisabeth Gattuli, assistante de gestion, Haute autorité de la santé

Après avoir présenté les grandes missions de la Haute Autorité de Santé, la présentation propose de décliner les règles de déontologie mise en œuvre à la HAS au travers du processus d’élaboration d’un avis sur les médicaments. En effet, afin de garantir l’indépendance de l’expertise dans les travaux de la HAS celle-ci, veille au respect des règles déontologiques par les personnes collaborant aux travaux de la HAS.
Cette déclinaison sera présentée selon les grands axes de la méthodologie de travail de la HAS au regard de la gestion documentaire spécifique mise en place.
1) Explication du processus de sélection des membres et des experts pour la préparation d’un avis
– Présentation du comité de validation des déclarations d’intérêts : composition, rôle, fonctionnement
– Impact documentaire : typologie documentaire, règles de gestion, plan de classement, règles de nommage des fichiers
2) Élaboration de l’avis de la commission de la transparence
– Explication de la composition et du fonctionnement de la commission et du rôle des membres et des experts
– Impact documentaire : règles de gestion et de classement du dossier de séance, typologie documentaire, plan de classement, règles de nommage des fichiers, présentation de la check list du dossier de séance