Événements

Droit d’accès

Actualités du droit d’accès

Par Perica SUSEVIC, Directeur adjoint d’Etalab, et Jean-Charles BEDAGUE, SIAF


Difficultés d’accès aux informations – Table-ronde

Animée par Antoine MEISSONNIER

Avec Antoine DELTOUR, lanceur d’alerte à l’origine des Luxleaks, Raymond AVRILLIER, militant écologiste français, principalement connu pour avoir provoqué la mise en examen en 1994 d’Alain Carignon, et Xavier BERNE, journaliste

Après avoir fait le tour du cadre juridique qui permet aujourd’hui en France l’exercice du droit d’accès aux informations, il était nécessaire de se pencher sur l’application concrète de ces règles. Cette table-ronde réunit pour ce faire trois usagers du droit d’accès, journaliste et lanceurs d’alerte, qui viendront parler de leurs différentes expériences de l’accès aux informations dans la sphère publique mais aussi dans le monde de l’entreprise. Comment s’exerce concrètement le droit d’accès aujourd’hui ? Quelles difficultés rencontre-t-on ? Quel regard peut-on porter sur l’évolution de l’attitude des organisations face au besoin grandissant de transparence de la société civile ? Autant de questions qui seront abordées et qui permettront de replacer l’action de l’archiviste dans le contexte plus large qu’implique son rôle de passeur, entre producteurs d’information et usagers.


Ouvrir les archives ? Le défi des archivistes des Trente glorieuses (1950-1980)

Par Marie RANQUET, Archives nationales

La question de l’ouverture des archives est régulièrement le sujet de débats internes à la profession ; les délais de communicabilité ne sont pas nés d’eux-mêmes, mais sont le résultat d’une réflexion professionnelle qui n’a pas attendu leur inscription dans la loi du 3 janvier 1979.

À l’occasion de la préparation du décret du 19 novembre 1970, la Direction des Archives de France lance une enquête auprès des Archives départementales ; elle les interroge sur les documents qui devraient, selon eux, faire l’objet de délais particuliers, et sur les délais qui devraient être appliqués. L’étude des réponses conservées révèle la diversité des sentiments des archivistes et de leurs réactions, allant de l’ouverture générale sur la plupart des documents à la fermeture de corpus parfois inattendus.

Le réseau associatif se saisit lui aussi de la question : l’Association amicale professionnelle des archivistes français inscrit comme sujet mis à l’étude pour l’année 1967 les communications au public. Les comptes rendus des réunions régionales de l’Association donnent à voir une photographie de la façon dont les archivistes de toute la France envisagent l’évolution de la communication au public.

La question de l’accès aux archives de la Seconde guerre mondiale se pose dès la fin des années 1960 ; en 1975, à la suite de la polémique surgie à l’occasion de la parution en 1972 de l’ouvrage La France de Vichy de Robert Paxton, une nouvelle enquête est menée par la Direction des archives de France auprès des services d’Archives départementales, afin de recueillir leur avis sur une éventuelle ouverture des fonds concernant le conflit. Là encore, les positions sont partagées, et montrent la lenteur du processus ayant abouti avec les arrêtés du 29 avril 2002 et du 24 décembre 2015.

Cette communication propose d’exposer les explorations menées par la profession des archivistes, qui, dès les années 1950, s’interroge sur la réponse à apporter à la montée de la revendication sociale et historienne d’ouverture des archives.


Les dérogations générales : mesures à étendre ou mesures exceptionnelles ?

Par Jeanne MALLET, Archives départementales de la Creuse

Les dérogations générales sont régulièrement présentées comme un modèle de transparence, à étendre ou à généraliser : ce constat se fait rapidement à la lecture des différents rapports évoquant l’accès aux archives et rendus aux ministres de la Culture successifs, de Charles Braibant à Christine Nougaret. L’idée est que ces mesures d’ouverture particulières contribuent à la bonne marche de la démocratie et de l’accès des citoyens à des corpus importants pour la recherche historique, à un âge où la transparence est érigée par tous les gouvernements en principe de société et en devise politique.

Mais au-delà des principes et des souhaits avancés de toutes parts, que ce soit par les politiques, les historiens et l’administration, force est de constater que les arrêtés de dérogation générale restent une mesure exceptionnelle : depuis la loi sur les archives de 1979, seuls 20 textes ont été adoptés par les ministères de la Culture et de la Défense.


Rendre accessible le droit d’accès : genèse et mise en œuvre de l’application @docs

Par Jean-Charles BEGAGUE, SIAF

Au début de l’année 2019, les Archives de France lanceront un outil numérique destinée à simplifier l’accès à l’information publique. Baptisé @docs, son principe est d’orienter de manière simple et rapide les usagers, peu au fait du « maquis » que constitue le droit d’accès aux archives. Il ne s’agit pas d’entrer dans des subtilités juridiques, mais d’apporter une réponse simple aux questions précises qu’ils se posent, du type : « Est-ce que je peux consulter et avoir une copie du plan cadastral de ma commune ou du jugement de divorce de mes parents ? »
@docs se veut donc un outil d’orientation général, simple et innovant, sous forme d’’arbre de décision », amenant l’usager d’une typologie documentaire (acte de naissance, dossier d’adoption, etc.) à l’information relative à son accès (communication, reproduction, recours possible en cas de refus) en fonction de sa « qualité » (personne intéressée, ayant-droit, tiers).
La communication se propose de revenir sur la genèse de l’outil et sur les étapes de sa mise en œuvre. Elle pourra donner lieu à une démonstration en direct.

Archives et protection des données à caractère personnel

L’application du RGPD au sein des MENJ-MESRI : un levier pour l’archivage des données ?

Par Anne ROHFRITSCH et Emilie KERDELHUE, Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse – Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation

L’application du RGPD depuis le 25 mai 2018 a conduit à la mise en place d’une délégation à la protection des données personnelles au sein de l’administration centrale des ministères de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, et de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Composée de 3 personnes (un DPO et 2 DPO-adjoints respectivement chargés de l’enseignement scolaire et de l’enseignement supérieur et de la recherche), cette délégation rattachée directement au secrétariat général a mis en place des procédures d’analyse des traitements de données à caractère personnel pour toutes les maîtrises d’ouvrage de systèmes d’information afin d’établir les registres de traitements ministériels. Cette instruction permet d’associer l’ensemble des acteurs amenés à apporter leur expertise sur ce sujet : délégation à la protection des données, direction des affaires juridiques, fonctionnaire de sécurité des systèmes d’information, mission des archives.

Menée de front avec la mise en place d’une politique d’archivage électronique ministérielle par la mission des archives, la collaboration archivistes-DPO apportera une harmonisation des temps de conservation (DUA et finalités de traitement) et une meilleure visibilité des systèmes d’informations à vocation patrimoniale. Elle formalisera également les moments de purge des données, tout en optimisant la gestion des infrastructures informatiques.


Des instruments de recherche entre transparence et protection des données à caractère personnel

Par Violaine CHALLEAT-FONCK, Archives nationales

Depuis 2013, le département de la Justice et de l’Intérieur des Archives nationales s’est confronté à la question de la nécessaire rédaction d’instruments de recherche donnant facilement accès à des fonds de police et de juridictions jusque là peu décrits, dans le respect du cadre réglementaire existant concernant la protection des données à caractère personnel. La communication restituera les expérimentations menées grâce à l’outil documentaire du système d’information archivistique propre aux Archives nationales, qui permet de gérer des attributions d’audience donc la diffusion des données sur internet ou en intranet. Elle présentera les choix de description retenus pour plusieurs fonds portant sur l’épuration ou la guerre d’Algérie, permettant de multiplier les entrées dans ces dossiers. Elle s’interrogera également sur l’impact que la publication d’inventaires de ce type peut avoir sur les demandes de consultation et sur la recherche.


Archives et protection des données : outils et résultats de la coopération à la ville de Lyon

Par Florence BERNIGAUD, Archives municipales de Lyon et François PALLIN, Délégué à la protection des données, ville de Lyon

Les Archives municipales de Lyon ont notamment pour mission de collecter les archives des quelque 8000 élus et fonctionnaires municipaux. Face à la prolifération des traitements de données, le lien avec le correspondant informatique et libertés (devenu délégué à la protection des données) est devenu au fil des années un partenariat efficace.
La divergence des objectifs est réelle: la protection des données à caractère personnel a pour finalité la défense des libertés individuelles, tandis que les archivistes ont pour mission de préserver la mémoire collective. C’est pourquoi la coopération entre les archivistes et le correspondant informatique et liberté peut nécessiter un temps d’acclimatation réciproque.
Après un rappel de l’historique du rapprochement entre ces deux fonctions, seront présentés les points de convergence méthodologique et les premiers résultats obtenus:
– en termes d’outils,
– en termes de recensement du patrimoine informationnel,
– en termes de rationalisation de la gestion des données dans le temps.

Cette intervention pourrait s’inscrire dans une table ronde, dans la perspective d’une comparaison avec d’autres collectivités et organismes, publics ou privés.