
Jeudi 27 mars 2025, a eu lieu la session Transmission entre générations d’archivistes présidée par Matthieu De Oliveira, enseignant-chercheur en histoire contemporaine a l’Université de Lille.
Ce débat d’idées a été présenté par Élisabeth Verry, directrice honoraire des Archives départementales de Maine-et-Loire. Dans une perspective intergénérationnelle précisément, la session réunissait Philippe Henwood, archiviste-paléographe (1978), conservateur général du patrimoine, inspecteur général honoraire et Alexis Hamelin archiviste au sein de la communauté d’agglomération Saumur-Val-de-Loire, diplômé du Master Archives d’Angers en 2022. Archivistes aux archives municipales et communautaires de Brest, Chantal Rio et Hugues Courant étaient également présents pour interroger l’image de l’archiviste. Cette table ronde abordait les temps forts de la vie d’un.e archiviste : de la formation au coeur de la carrière, pour finir par « la vie d’après ».
Formation
La première partie de l’échange nous plonge dans l’univers chartiste des années 1970 grâce à l’intervention de Philippe Henwood. L’Ecole des chartes est ainsi présentée comme une formation érudite, théorique, que l’archiviste-paléographe juge « déconnectée du monde professionnel ». En 2022, les formations sont plus nombreuses et plus variées : Alexis Hamelin parle d’une « immersion dans le métier» et mentionne ses nombreux stages professionnalisants et diversifiés (classement, valorisation) avant l’entrée dans le monde du travail.
La diversité de l’univers archivistique est bien souvent méconnue ce qui fait perdurer les idées préconçues comme celle du vieil archiviste seul dans sa cave, entre moisissures et poussière comme le souligne Chantal Rio. Mais tous ne partagent pas ces a priori : Hugues Courant, ancien enseignant, a été confronté au monde des archives par des connaissances. Cette première impression, dénuée de toute vision dépréciative, l’a amené à une reconversion professionnelle. Un témoignage qui montre que ces préjugés peuvent être surmontés.
Carrière
En dépit de certitudes sur la pratique archivistique, Philippe Henwood découvre la réalité du métier au début de sa carrière et prend conscience de la nécessité d’une entraide entre archivistes. Ce besoin est souligné par tous les intervenants, particulièrement par Elisabeth Verry qui évoque le caractère fédérateur de l’AAF. Dès les années 1970, un sentiment de communauté se développe autour de l’association. Elisabeth Verry parle même de ”fraternité” et met en avant la disponibilité des archivistes, toujours disposés à prêter main forte à leurs collègues. A ce sujet, les modalités actuelles incluent l’utilisation des réseaux sociaux, comme le souligne Alexis Hamelin. Malgré l’accroissement de la communauté archivistique avec le temps, celle-ci demeure un petit milieu. Hugues Courant vante les mérites de ce milieu où tout le monde se connaît ce qui facilite les échanges : “une grande force dont on n’a pas forcément conscience”. Cette dimension se construit dès les débuts de la vie de l’archiviste (au cours de la formation et des stages) et s’approfondit tout au long de sa carrière et même après.
L’après
La troisième et dernière partie de ce débat d’idées proposait d’envisager l’après-carrière. Comment quitte-t-on un monde professionnel auquel on a tant donné ? Philippe Henwood et Elisabeth Verry insistent sur l’importance de garder un lien fort avec la communauté archivistique et occupent tous deux des fonctions de responsables de sociétés savantes. Avec une certaine émotion, Philippe Henwood, qui remplit toujours des missions d’archiviste diocésain en bénévolat, nous confie : “les archives c’est ma vie, c’est ma famille”. La conférence se clôture sur un échange au sujet de “l’archiviste du XXIe siècle”, une expression employée par Hugues Courant. Dans cette lignée, Alexis Hamelin présente l’AEDAA (association des étudiants et anciens diplômés en archivistique d’Angers) et sa communication moderne: une affiche qui casse les codes en détaillant la pluralité des missions de l’archiviste du XXIe siècle.
Au regard de ces discussions et de la diversité des parcours archivistiques, il paraît en fin de compte pertinent de s’interroger sur les défis et expériences des archivistes qui n’ont pas reçu de formation initiale dans le domaine.
Billet rédigé par Lisa Tireau et Éloïse Poirot