Session “Portraits d’archivistes”
présidée par Marie-Laure Kervégant
Mercredi 26 mars 2025 – 11h à 14h30 (avec pause)
Carré 1
Mutations du travail et société de l’information : quels impacts sur l’environnement professionnel des archivistes ?
Débat d’idées animé par Chloé Moser
Avec :
- Anne Lambert, Ministères sociaux
- Mathilde Sergent-Mirebault, doctorante en sociologie, Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne
Les environnements de travail ont connu des mutations majeures au cours des dernières décennies, largement documentées. Ces mutations ont eu des répercussions sur les pratiques de collecte des archives en tant qu’elles sont la trace formelle des activités administratives.
L’hyperspécialisation induite par la technicisation et l’autonomisation conduit à une fragmentation croissante des activités qui réduit la capacité à développer une vue d’ensemble. Quant au numérique, d’ordinaire associé à la rationalisation et l’uniformisation des pratiques, il suscite également une appropriation qui peut conduire à des adaptations voire des détournements des objectifs initiaux. Quant à la promotion de la flexibilité, elle se traduit par un turn-over croissant des équipes et une instabilité des organisations qui peuvent devenir des sources de souffrance au travail (charge mentale, épuisement professionnel) et de tensions. Les archivistes se trouvent confrontés à ces évolutions à la fois comme témoins et acteurs. Ils en sont les témoins à travers leur adaptation à la mutation de la forme et des supports des archives : dématérialisation, émiettement et explosion du volume à collecter, etc. Ils en sont aussi acteurs, confrontés à une mise en tension avec les fondamentaux du métier : approche de long terme, rationalisation de la collecte, positionnement traditionnel en fin de cycle de vie des données. La table ronde se propose de partir du constat des mutations du travail et de leurs impacts sur le métier d’archiviste à travers les mutations de la collecte pour les mettre en perspective avec les évolutions des conditions de travail et les questionnements actuels sur les impacts de ces mutations sur l’expérience du travail et la santé mentale.
Mots-clés : numérique, collecte, société de l’information, mutations, conditions de travail
L’archiviste en milieu hospitalier spécimen ou série ?
Aurélie Leroy, CHU de Rennes
Émilie Fromont, CH de Morlaix
L’objet de cette intervention est de s’interroger sur la spécificité ou non du métier d’archiviste en établissement de santé. Qu’il soit archiviste de formation ou en reconversion, l’archiviste hospitalier est un véritable couteau suisse, trait d’union entre le centre hospitalier et les services d’archives locaux.
Les intervenantes s’attacheront à dresser un portrait de celui-ci, tantôt gestionnaire de ressources humaines, tantôt responsable de collecte. Cet archilogisticien s’attache également à être visible au sein de la communauté hospitalière en participant à des projets institutionnels.
Attentif à son environnement, l’archiviste hospitalier se positionne au plus près des services de soins, contribuant à la bonne prise en charge du patient par les communications aux secrétariats médicaux. L’exemple de la crise du COVID a mis en évidence sa réactivité et son adaptabilité face aux réorganisations nécessaires à la gestion de crise. En prenant en compte son environnement atypique, l’archiviste hospitalier est guidé par plusieurs attentions. Outre le fait qu’il contribue à l’amélioration de la prise en charge du patient par des audits qualité, il doit être vigilant et répondre aux différentes sollicitations : l’usager dans sa quête de vérité, les études scientifiques mais aussi la justice dans le cadre des réquisitions.
À l’aide d’exemples croisés entre deux établissements et de leurs retours d’expériences, il sera présenté un éventail des missions attribuées aux professionnels des archives ainsi que les risques inhérents : risques physiques liés au métier (port de charge, coupures), risques psychologiques liés à la fonction et à l’environnement (surcharge de travail, isolement, méconnaissance du métier).
Les particularités de ces vigilances font-elles de l’archiviste hospitalier un spécimen ? Ces risques ne sont-ils pas partagés par l’ensemble de la communauté archivistique ? Pouvant apparaître comme atypique par la spécificité de ses attentions, l’archiviste hospitalier partage avec ses paires un objectif commun, celui de constituer la mémoire institutionnelle.
Mots-clés : santé, vigilances, spécificité, adaptabilité, risque
Mais qui est donc l’archiviste numérique ?
Stéphanie Roussel, Mintika
Les missions confiées à l’archiviste – la fameuse chaîne des 4 ou 5 C, de la collecte à la communication – semblent immuables et, si certains C ont pris de plus en plus d’importance dans certains services d’archives au cours du temps, cette chaîne résiste plutôt bien aux évolutions les plus récentes, y compris en matière numérique. Pourtant, le succès des formations en archivage numérique devrait nous interroger : alors que pendant des années, seuls les « e-archivistes », « chefs de projet SAE » et autres « référents archivage numérique » fréquentaient ces formations, on observe depuis deux trois ans une inflexion de ce public avec un élargissement, au moins aux chargés de collecte et de fonds, sinon à l’ensemble des services d’archives.
Bien qu’empirique, cette observation recoupe les questions organisationnelles relatives à l’archivage numérique sur le terrain (qui recruter, comment s’organiser pour éviter de faire reposer la collecte numérique sur une seule personne, comment articuler collecte papier et collecte numérique…) et laisse penser que ce sujet de l’archivage numérique ne peut être réduit à une simple extension du domaine archivistique ou à un sujet à part comme la numérisation ou la restauration sur lequel un ou deux experts suffiraient à prendre le sujet en charge au sein du service d’archives.
Nous proposons donc, au sein de cette communication, d’interroger ce que le numérique change pour les archivistes : compétences nécessaires, méthodes projet, travail collectif, compression de la chaîne archivistique en amont des versements évolution permanente des outils… À partir de là, on pourra se demander – question qui revient de façon récurrente dans les formations – qui est finalement l’archiviste numérique et comment cette réflexion identitaire pourrait ou devrait nous donner matière à réflexion, y compris dans le monde papier, et irriguer l’organisation-même des services d’archives.
Mots-clés : archiviste, numérique, archivage numérique
Auto-représentation des archivistes portugais
CALVAO, Leonor Borges, Université de Coimbra
SILVA, Ana Margarida, Université de Coimbra
L’image (réelle ou fictive) des archivistes a connu un parcours intéressant à travers la littérature, le cinéma, les séries télévisées ou les « mèmes », et il est possible de jeter un regard diachronique sur son évolution. Cependant, outre la façon dont la société nous perçoit en tant que professionnels de l’information, il est également important de savoir comment les archivistes se perçoivent et perçoivent leur valeur. Au Portugal, l’étude de la représentation des archivistes est un sujet peu étudié, ce qui n’est pas le cas des bibliothèques et de l’image des bibliothécaires, qui ont déjà été explorées dans deux travaux académiques (Cardoso, 2014 et Risso, 2023). Par conséquent, afin de combler cette lacune, cette communication vise à analyser l’autoreprésentation des archivistes portugais d’une manière globale, en réunissant les professionnels qui travaillent dans des archives publiques ou privées, locales, de district ou nationales, religieuses ou d’entreprise. À cette fin, et sur la base d’une approche qualitative du sujet, une brève revue de la littérature sur le sujet sera effectuée, résumant les différents stéréotypes qui existent dans la littérature et les arts, suivie d’une enquête par questionnaire auprès des archivistes portugais dans le but non seulement de comprendre comment ils perçoivent leur propre profession et la valeur qu’elle a pour la société, mais aussi de comparer ces résultats avec ceux que les arts, en général, nous transmettent. L’enquête par questionnaire sera réalisée en ligne, à l’aide de questions semi-structurées, entre les mois d’octobre 2024 et de janvier 2025. Les résultats seront présentés lors de cette communication.
Mots-clés : autoreprésentation, identités, groupe professionnel, enquête, Portugal








