Session “Ombres et lumières des archives du spectacle”
présidée par Claire Gatti
Mercredi 26 mars 2025 – 16h10 à 17h10
Carré 2
Les traces théâtrales : une attention inégale. Analyse des collectes en Pays-de-la-Loire et en Belgique
Camille Rouffaud, Université d’Angers
Entre obligations légales, particularités du territoire, appétences personnelles et capacité de stockage, la collecte dans les services d’archives est dictée par un ensemble de facteurs, complexe à appréhender. Ainsi, certains domaines représentatifs de la société se trouvent, selon les régions, les départements ou les villes, sujets d’attention ou totalement absents. Afin d’illustrer ce propos, je souhaiterais prendre l’exemple des archives liées à l’activité théâtrale. Domaine foisonnant et particulier qu’est celui du spectacle vivant, qui comprend à la fois des fonds de lieux/institutions, d’associations privées ou encore de personnes, il englobe également un certain nombre de problématiques, liées à son aspect éphémère, à la dispersion des fonds, à la difficile identification des producteurs et à la particularité de ses typologies (décors, costumes, maquettes, dessins…).
Ainsi, il s’agira, en prenant l’exemple de la région Pays-de-la-Loire, de, tout d’abord, faire part des résultats d’un recensement des fonds d’archives du théâtre présents dans les services d’archives publics de ce périmètre géographique que j’ai mené en 2023-2024 et qui a permis, en première conclusion, d’observer des différences dans l’intérêt et l’attention portés à ce domaine artistique. Il sera ensuite question d’identifier les raisons de cette attention inégale, en s’appuyant sur des entretiens réalisés avec des archivistes mais également des professionnels du monde du théâtre. Enfin, il s’agira de présenter le travail des Archives et musée de la Littérature (AML) qui ont comme périmètre d’activité la Belgique francophone et qui sont devenus ces dernières années, un lieu identifié et privilégié dans la collecte des archives du théâtre. À la suite d’une observation non-participante de trois jours sur place, j’ai pu mener un ensemble d’entretiens afin de comprendre leur fonctionnement et de décentrer mon regard de chercheuse en incluant dans mon corpus un exemple étranger.
Mots-clés : archives, théâtre, création, pratiques professionnelles, Pays-de-la-Loire, Belgique
« Attention mesdames et messieurs, dans un instant ça va [archiver] ! » : à la recherche des archives du spectacle musical en France
Damien Hamard, Université d’Angers
Construit sur un modèle reposant sur des tubes commerciaux, le spectacle musical en France a longtemps été un genre musical décrié. Appelé tour à tour et indistinctement « comédie musicale », « spectacle musical » encore « théâtre musical populaire » ou « dramaturgie musicale », le genre s’est progressivement construit depuis les années 1970 en France, selon des codes et des processus distincts du modèle anglo-saxon, contribuant ainsi à l’exception culturelle française.
Au-delà des œuvres les plus connues, le spectacle musical français totalise près de 1 000 créations sur un demi-siècle et les dernières productions illustrent la dynamique et la variété du secteur économique, ainsi que sa reconnaissance comme élément d’identité culturelle et d’attractivité territoriale : si Molière, le spectacle musical, raconte l’histoire d’une figure du théâtre français, Bernadette de Lourdes et Surcouf, Le Roi des corsaires sont respectivement attachées à l’histoire locale de la cité mariale et de Saint-Malo. Tout récemment la nouvelle mise en scène de Starmania par Thomas Jolly, en conjuguant pop culture et conventions théâtrales classiques, ou encore l’adaptation de The Producers, par Alexis Michalik sont parvenues à convaincre les critiques et contribuent à une forme de consécration.
Pourtant force est de constater que les archives relatives à ce genre musical sont totalement absentes des institutions patrimoniales.
Cette communication souhaite s’interroger sur les raisons de cette carence en soulignant les particularités de ces archives et de leurs producteurs multiples (au sens archivistique) ; en identifiant le mandat des diverses institutions patrimoniales ; en interrogeant le positionnement des professionnels de la conservation sur cette marginalisation.
Mots-clés : spectacle musical, collecte, mandat, patrimonialisation


