Session « Les archivistes et leur jardin secret »
Présidée par William Jouve
Vendredi 28 mars 2025
10h40-12h
Carré 1
Flâner dans les archives audiovisuelles. Témoignage d’un documentaliste de l’Ina
Jean-Paul Dibouès, Ina, délégation Loire-Bretagne
Inspiré par le quotidien de la recherche documentaire dans les fonds audiovisuels de l’Ina, geste professionnel par excellence du documentaliste, ce retour d’expérience détaillera la particularité des archives audiovisuelles (des documents enregistrés sur des supports) que la numérisation a contribué à estomper, facilitant ainsi la navigation dans les fonds. Et la flânerie. Flânerie entendue comme une promenade sans but précis, menée pour le plaisir de découvrir de nouvelles archives, avec le souci de valoriser le fonds documentaire, révéler l’archive pour la partager avec le plus grand nombre.
Au départ, des bandes de natures différentes collectées, stockées, conservées. Une identification de chacun des programmes contenus sur ces bandes, d’abord sous forme de fiche, puis sous forme de base de données informatisée. Puis, au passage de l’an 2000, la numérisation progressive de ces bandes, aujourd’hui quasi intégralement menée.
Dès lors, la navigation dans les fonds se fait sur l’ordinateur où sont accessibles les fichiers, associés aux notices. Et au détour des recherches, la flânerie est inévitable. Elle peut alors revêtir plusieurs formes. Elle se fait dans la base de données, c’est une flânerie dans les mots. Elle se fait dans les fichiers vidéo des archives télé, une flânerie au milieu des images. Elle se fait aussi dans les sons des archives radio, sans beaucoup de repères mais tout aussi magique. Elle peut être organisée, elle est souvent inopinée.
S’offrent ainsi au documentaliste une remontée dans le temps et un déplacement dans l’espace à travers les traces laissées par la télévision et la radio, des rencontres de personnages, des découvertes de lieux. Au bonheur des archives.
Mots-clés : archives, documentation, exploration, plaisir
Une aventure coréenne
Isabelle Homer, Direction de la mémoire, de la culture et des archives / Ministère des armées et des anciens combattants
La communication proposée est un retour d’expérience sur les recherches historiques menées sur un groupe de réfugiés coréens arrivés dans le département de la Marne en 1919-1920, ayant abouti au tournage d’un documentaire réalisé par des journalistes coréens et auquel ont participé plusieurs services d’archives français.
En 2019, j’ai découvert, grâce aux sollicitations et demandes de recherches de journalistes coréens, qu’un groupe de Coréens ayant fui leur pays occupé par le Japon, après avoir traversé la Russie, avait réussi, fin 1919, à s’installer dans la Marne, où ils ont travaillé pour les services de la Reconstruction. Quelques documents en attestent dans les fonds des Archives de la Marne. Le vif intérêt porté par les médias coréens à cet événement a attisé ma curiosité et m’a incitée à mener des recherches complémentaires pour retracer l’histoire de ces hommes.
La présence en ligne, sur les sites de services d’archives, de nombreux documents et instruments de recherche, ainsi que la collaboration et l’aide d’archivistes publics et privés m’ont permis de retracer le parcours de certains de ces réfugiés sur plusieurs dizaines d’années et de retrouver leurs descendants français. Un documentariste coréen a souhaité valoriser ce travail et ces découvertes dans un documentaire, diffusé en 2024, et tourné notamment dans les différents services d’archives conservant des documents sur ces réfugiés. Le bilan de cette expérience est très positif, aussi bien d’un point de vue scientifique (recherches historiques), qu’archivistique et humain (gratitude des descendants qui ont pu avoir accès à leur histoire familiale, plaisir de mener un projet en collaboration avec de nombreux archivistes, et aussi avec des journalistes étrangers).
Mots-clés : recherches, documentaire, Corée, valorisation, partenariat
Les archivistes ont-ils le goût des archives numériques ?
Céline Guyon, Enssib
Si les mutations du travail de l’archiviste et de la pratique archivistique à l’ère numérique sont plutôt bien documentées (Burnel, 2013 ; Guyon, 2015 ; Nougaret, 2017), notre proposition est d’explorer la relation plus intime des archivistes aux archives numériques. Quelle attention les archivistes portent-ils aux archives numériques ? Pour esquisser cette histoire du lien des archivistes avec les archives numériques nous retenons l’angle de la collecte. C’est en effet au travers de la collecte, comme activité de recherche et de recueil des archives auprès des producteurs, que l’archiviste aiguise son regard, qu’il porte une marque d’attention spécifique aux archives qui seront conservées sans limitation de temps.
À partir de quand, les archivistes ont-ils considéré les archives numériques dignes d’être collectées, c’est-à-dire dignes d’intérêt ? Chercher à répondre à cette question, c’est travailler sur les représentations des archivistes, dans le temps long de la transformation de « l’économie de l’écrit et du traitement des données » (Gardey, 2008). Cette attention portée sur l’activité de collecte, dans notre communication, sera aussi l’occasion de décentrer notre regard et d’appréhender la collecte comme une activité de maintenance (Denis et Pontille, 2022).
Notre démarche méthodologique se fonde sur la mobilisation d’un corpus documentaire constitué par la littérature professionnelle (comptes rendus des congrès et conférences du Conseil international des archives, articles publiés dans La Gazette des archives), que nous exploitons comme sources d’archives, complétée par un travail en archives et la conduite d’entretiens avec des archivistes en activité entre les années 1970 et aujourd’hui
Mots-clés : collecte, archives numériques, maintenance, histoire des représentations



