Session “Archives des mobilisations, mobilisations d’archives “
Présidée par Aurore François
Vendredi 28 mars 2025
11h à 12h15
Grand auditorium
De la conservation de la nature à l’attention aux archives : usages d’archives dans le développement de l’expertise des associations de protection de l’environnement
– Anne Fablet-Rogéré, Université d’Angers
– Magalie Moysan, Université d’Angers
Les associations de protection de l’environnement constituent un modèle de sciences participatives en collectant, produisant et réutilisant des données scientifiques et techniques à des fins de militantisme environnemental. Cet « activisme des données » (Currie, 2018) acquis par le développement d’une expertise spécifique les conduit à mettre en œuvre des pratiques de conservation sur le moyen ou le long terme pour remobiliser et exploiter des données scientifiques ou plus classiquement pour répondre à des exigences légales (Flahault & Robic, 2007).
Cette communication a pour objectif de s’interroger sur le rôle de la conservation et de l’usage d’archives dans le développement et le maintien d’une expertise à l’échelle de ces associations. Dans quelle mesure les archives contribuent-elles à l’acquisition et au renforcement d’une expertise scientifique, technique ou juridique dans les associations de la protection de l’environnement ? Comment l’expertise circule-t-elle entre ces associations et les scientifiques du domaine ? Comme s’articulent les compétences individuelles et collectives acquises grâce à ces archives ?
On s’attachera à observer d’une part l’attention que les associations portent aux archives produites par les organismes publics et les chercheurs et d’autre part le soin individuel et collectif qu’elles prennent de leurs propres archives, pour étudier les usages qu’elles en font. L’objectif est d’aboutir à une typologie des formes d’attention aux archives, en fonction de la population étudiée et de l’expertise mobilisée/revendiquée
Elle s’appuiera sur des entretiens menés avec des salariés et militants du Conservatoire des espaces naturels de la région Pays de la Loire et des chercheurs spécialisés dans la conservation de la nature. L’analyse originale qui sera proposée croise une perspective archivistique sur la conservation et les usages des archives avec une perspective de sciences de gestion sur l’expertise comme levier de renforcement de la légitimité organisationnelle (Barraquier, 2021).
Mots-clés : archives, attention, expertise, environnement


Faire attention aux archives de leur vivant
Sam Bourcier, Centre d’archives LGBTQIA+ Paris/Ile-de-France
Avec cette conférence, il vous est proposé de revenir sur la culture de l’archive vivante que développe et diffuse le Centre d’archives LGBTQIA+ Paris Île-de-France depuis 2017. Relancée par Act Up-Paris suite à la sortie du film 120 battements par minute, la mobilisation pour l’ouverture du Centre a débouché sur une coconstruction avec les usager•è•s qui met l’accent sur l’archive orale (production et médiation) et la programmation (curating) des archives collectées (actuellement 150 mètres linéaires d’archives sur tous supports, sans appel à la collecte). Les rencontres et les ateliers associent divers publics, tels que des militant•e•s, des chercheur•euses, des artistes, des documentalistes, des archivistes, ainsi que toute personne intéressée par la dimension sociale, culturelle et patri-matri-moniale des archives LGBTQIA+.
Quel est l’impact de la rencontre avec les communautés sources sur le travail de l’archiviste ? Que produit l’attention portée aux “envies d’archives” exprimées par des publics et des personnes parfois très éloigné•e•s des questions archivistiques ? En quoi amène-t-elle à interroger les pratiques professionnelles, ce qui passe par l’adaptation des techniques et la nécessité sans cesse renouvelée de “faire un pas de côté” ? Comment fait-on dialoguer différents espaces sociaux, dont certains potentiellement peu (voire mal ?) représentés dans les archives ? Que signifie le fait de prendre soin des archives queer, d’attirer l’attention sur des archives autrefois maltraitées et invisibilisées, de leur vivant et avec les vivant•e•s ? Les centres d’archives LGBTQIA+ modifient-ils le cycle de vie de l’archive ? Quelle est la dimension biopolitique de l’archive queer ? Existe-t-il une méthodologie queer pour archiver ? Que nous apportent des concepts tels que la resynchronisation et la (re)mobilisation des archives produites par les personnes et les communautés sources ? Autant de questions qui seront abordées avec le recul que procurent sept années d’expérimentation et de préfiguration du futur centre d’archives LGBTQIA+ Paris Île-de-France.
Mots-clés : LGBTQIA+, queer, archive vivante
