Session “Entre stratégies de diffusion et stratégies d’usage”
Présidée par Carole Renard et Anne Pletinckx
Vendredi 28 mars 2025
09h à 14h (avec deux pauses)
Salle Carré 2
Les archives comme politique de médiation publique et de diffusion numérique : expériences et stratégies de communication du travail archivistique à l’Archivo Central Andrés Bello de l’Universidad de Chile
Gabriel González Castro, Archivo Central Andrés Bello de la Universidad de Chile
L’objectif de cette communication est de présenter les expériences développées par les Archives centrales Andrés Bello de l’Universidad de Chile en ce qui concerne sa communication stratégique, en comprenant les actions de diffusion comme des espaces de « médiation publique » et de « diffusion numérique » des collections patrimoniales et des contenus produits par ces archives universitaires. Le but de cette médiation et de cette diffusion est de créer des canaux d’interaction permanente avec une « communauté numérique ». À travers cette présentation, nous analysons les avantages et les problèmes liés à la publication des processus de travail archivistique, à la visibilité des acteurs impliqués dans ces processus et à la stimulation du lien entre cette communauté numérique et les archives de l’université.
De cette manière, l’analyse des problèmes liés au développement de stratégies de communication visant la « médiation publique » et la diffusion numérique des collections patrimoniales prend en compte différentes variables pour une compréhension « située » de leurs possibilités. Parmi celles-ci, les opportunités et les défis présentés par la conception organique et institutionnelle du cadre universitaire public au Chili, ainsi que les actions possibles dans les différents médias de communication numérique. De même, la notoriété récente mais croissante de l’archivistique et des archives au Chili. Ainsi, sur la base d’une présentation de cas et de projets mis en œuvre et en cours, une réflexion générale est présentée sur l’importance et les limites des plateformes numériques pour la communication des archives universitaires.
En bref, l’objectif est de partager et de réfléchir sur les stratégies et les actions de communication numérique, dans le champ de l’archivistique chilienne, qui ont été développées par ces archives universitaires de la première université publique du Chili, l’Universidad de Chile, fondée en 1842.
Mots-clés : diffusion numérique, médiation publique, stratégies de communication, archives universitaires, Chili
Enjeux et réalité de la diffusion numérique de masse dans une économie de l’attention
Wilfrid Éon, Archives départementales des Yvelines)
Dans l’économie numérique actuelle, marquée par une abondance d’informations et une fragmentation de l’attention, diffuser du contenu de manière efficace relève d’un véritable défi stratégique. La diffusion numérique de masse vise à toucher un large public et répondre à des besoins de plus en plus spécifiques, mais elle se heurte à une réalité : l’attention des utilisateurs est finalement une ressource rare. Les plateformes numériques, telles que les réseaux sociaux et les services de streaming, reposent sur des modèles économiques centrés sur la captation de l’attention, ce qui rend nos systèmes d’information savamment hiérarchisée moins adaptés aux nouveaux usages.
À partir de l’expérience yvelinoise, je propose de dresser un bilan de l’intégration des ressources d’archives toujours plus volumineuses dans l’économie de l’attention. Comment cette intégration a-t-elle influencé nos stratégies dans un contexte où la captation de l’attention des utilisateurs prime ? Quels impacts ces choix ont-ils eus sur les priorités de recherche, et comment ont-ils transformé l’accès à certaines archives, au risque de négliger des fonds moins numérisés ou moins bien référencés ? Ce nouveau paradigme a-t-il altéré la capacité des chercheurs à effectuer une critique rigoureuse des sources, en détournant l’attention des métadonnées issues des travaux de classement et en réduisant l’importance de la contextualisation des documents ?
La réalité montre que même avec un magma de ressources à disposition et des outils de diffusion performants, capter l’attention sur le long terme reste complexe. Les utilisateurs sont souvent exposés à un trop-plein d’informations, ce qui génère une fatigue cognitive. La fidélisation repose alors sur la création de contenu à forte valeur ajoutée, pertinent et engageant, plutôt que sur une simple multiplication des points de contact.
Mots-clés : numérisation massive, diffusion numérique, stratégie de diffusion, sérendipité
Le label Culture Libre : s’engager et œuvrer à l’open content dans un service d’archives
Xavier Cailleau, Wikimedia Francee
Marie Ténèze, Archives départementales du Vaucluse)
Les Archives départementales du Vaucluse ont obtenu le label Culture Libre au printemps 2024, confirmant leur engagement dans l’open content. Cette envie d’obtenir le label était motivée par le lancement, en parallèle, d’autres projets de diffusion numérique de leurs fonds. Leur démarche inclut l’enrichissement des plateformes de la galaxie Wiki, à savoir Commons, Wikidata et Wikipédia. L’objectif de cette présentation, est donc de justifier et d’encourager les services à obtenir ce label. Pour les Archives départementales de Vaucluse, l’obtention du label a permis la création d’un poste dédié au numérique et le suivi de formation sur le long terme. Elles rencontrent cependant des défis techniques (installation d’outils), institutionnels (règles de contribution sur Wikipédia) et organisationnels (déménagement des locaux en 2025). L’ouverture d’un nouveau site Memento en 2025-2026 renforcera les initiatives et impliquera d’autres services patrimoniaux dans la valorisation des données.
Mots-clés : Wikimédia, label Culture libre, open content
Du goût des archives dans les pratiques wikipédiennes pour les savoirs minoritaires
Natacha Rault (Les sans pagEs)
La documentation des savoirs encyclopédiques sous représentés sur Wikipédia se nourrit des incursions dans les archives et de la médiation avec les professionnels des archives à tel point que de nouveaux métiers et de nouvelles formes de coopération émergent qui donnent lieu à des productions de savoirs librement accessibles sur le Net. Dans une économie de l’attention spoliée au profit des GAFAMs et productrice de stéréotypes de genre ainsi que de désinformation, les espaces de collaboration archivistiques et encyclopédiques constituent peut-être des îlots d’ancrage sur lesquels rediriger l’attention du public hyperconnecté en utilisant la production participative de savoirs minoritaires numérique construits de manière rigoureuse mais aussi souple et rhyzomatique,
Nous vous présenterons les expertises que le projet des sans pagEs, en tentant de remédier aux biais de genre sur Wikipédia a pu faire émerger grâce à la collaboration avec des professionnels·le·s d’archives départementales, nationales et militantes. Ces pratiques débouchent paradoxalement sur une promotion des fonds d’archives sur un des sites les plus visités au monde, mais aussi sur des formes de collaboration pérennes car basée sur la passion de la construction des savoirs pour le grand public.
La plongée numérique offerte par Wikipédia alliée au goût des archives produit des cabinets de curiosité qui ont aussi su capter l’attention des publics et leur participation active. Le projet des sans pagEs a également en retour pu réfléchir sur ses pratiques de classement et initier des modèles participatifs de collaboration qui soient appréciés des communautés wikimédiennes et des institutions d’héritages culturelles.
Au-delà de ces échanges fructueux se pose dorénavant la question de la pérennisation de ces expériences novatrices, les discussions sont ouvertes pour le futur.
Mots-clés : LGBT, biais de genre, Wikipédia, wikidata, cartographie






« Afin de satisfaire les enjeux d’accès dans le temps à leurs informations numériques », comment faire de ce mantra une réalité ? »
Débat d’idées animé par Emmanuel Laborde, Programme Vitam
Avec :
– Thomas Van de Walle, Archives nationales
– Camille Tatger, Ministère de l’Europe et des Affaires
étrangères
– Marie Piatte, Service historique de la Défense
Le Programme Vitam s’est construit autour d’un manifeste, soit en terminologie des méthodes Agile, une déclaration de principes et valeurs permettant à une organisation de tendre vers un objectif commun. Celui-ci, très court et synthétique, met au cœur la question de l’accès dans le temps aux informations numériques des organisations.
Le Programme Vitam a donc développé une solution logicielle d’archivage électronique, en lien avec les besoins des utilisateurs, permettant de donner « accès ». Mais les solutions techniques ne répondent pas aux différentes questions que pose l’accès aux données dans un univers numérique : quels types d’utilisateurs (internes, externes, humains, machines…) ? quels besoins émergent ? quel impact entre recentralisation des procédures administratives et consultation de fonds ?
Entre la mise à disposition d’un Dissemination Information Package (DIP) et la navigation sur un portail citoyen, il est possible de tout imaginer en termes d’accès, de consultation, d’orientation. Cette table ronde sera l’occasion de partager les expériences et les réflexions des ministères porteurs du Programme Vitam en associant profils métier et technique et ainsi de revenir sur le prototype d’accès sécurisé à distance des Archives nationales ou sur l’ouverture du SAE du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères à leur réseau de CAD (Centre Archives et Documentation).
Mots-clés : accès, portail, diffusion, usagers, consultation, archives électroniques




« (En)quête de visibilité sur le web pour les archives »
Débat d’idées animé par Louis Vignaud, Service interministériel des
archives de France
Avec :
– Lorène Béchard, Xelians
– Manonmani Restif, Service interministériel des archives de France
– Sarah Toulouse, Bibliothèque de Rennes – Les Champs Libres
La table ronde permettra de confronter les pratiques de description des bibliothécaires à celles des archivistes traitant d’archives traditionnelles et nativement numériques.
En tant qu’agrégateurs, FranceArchives et le Portail européen des archives sont des observatoires des pratiques de description des archivistes français, focalisées sur les documents plus que leur contenu, hiérarchisées, hétérogènes et orientées vers une lecture linéaire. A contrario, les bibliothèques ont une tradition ancienne de description unitaire, normalisée et s’appuyant sur des référentiels partagés. Quant aux archives nativement numériques, la légitime priorité donnée à la collecte et la conservation s’est opérée au détriment de l’accès. Les portails de communication, conçus pour la diffusion des documents historiques numérisés, offrent encore trop peu de visibilité aux archives contemporaines et nativement numériques.
Or la sobriété numérique en tension avec l’inflation des documents à traiter, tout autant que la prééminence du web ou la volonté de mettre l’usager et ses besoins au cœur du projet, nous invite à revisiter nos pratiques.
Les réflexions en cours pour rendre les archives nativement numériques davantage accessibles ou l’évolution des standards de description (EAD 4, EAC-CPF 2, RiC-CM) vers des modèles entité/relation inspirés par la transition bibliographique tendent à une meilleure interopérabilité entre les SAE, SIA et sites web… et finalement une visibilité accrue des métadonnées décrivant les ressources archivistiques consultables en salle de lecture, les collections numérisées et les archives nativement numériques.
Enfin, des points de convergence existent entre domaines métiers – dialogue avec les archivistes pour le code RDA-FR ou partage de référentiels -, et de nouvelles perspectives d’interopérabilité, de manipulation et de découvrabilité des données visant à capter l’attention des usagers, s’ouvrent du côté des entrepôts de données de la recherche et l’intelligence artificielle.
Mots-clés : description archivistique, vocabulaires partagés, sobriété numérique, attention, usager



