Session “Déontologie et éthique”
présidée par Agnès Vatican
Mercredi 26 mars 2025 – 16h20 à 17h
Reprise le 27 mars de 12h30 à 13h30
Carré 1
Porter attention au donateur : impératif professionnel et éthique
Julie Deslondes, Archives départementales du Calvados
Le don d’archives privées, spontané ou encouragé par les opérations de grande collecte, n’est pas une transaction purement administrative et impersonnelle. Si certains donateurs cherchent d’abord à dégager de l’espace dans leur domicile, ou à répondre à une démarche collective sans attente de contrepartie, l’idée de contre-don est souvent sous-jacente ou exprimée, même confusément.
Pour que le don ne s’apparente à un accaparement, ou à une dépossession, le service d’archives public se doit de porter attention à cette demande, parfois discrète ou ténue. L’attention à l’autre, ici le donateur, parfois éloigné de l’administration des archives, ou de l’administration tout court, est alors un impératif professionnel pour réussir une collecte de qualité. Elle est aussi un impératif éthique et humain, pour que le processus de don soit pleinement réussi, dans toutes ses dimensions historiques et mémorielles.
Cette communication s’attachera à illustrer cette ambition, sa beauté, mais aussi ses difficultés ou ambiguïtés, à partir d’exemples récents tirés de l’expérience calvadosienne, en lien notamment avec l’histoire du Débarquement de Normandie.
Mots-clés : collecte, don, déontologie, éthique
L’archiviste entre médiation, recherche, valorisation et responsabilité sociale
Hafsa Saidi, Archives nationales de Tunisie
Dans la Tunisie post-révolutionnaire, le rôle de l’archiviste s’est considérablement élargi au-delà de la simple conservation documentaire. Cette communication explore quatre dimensions essentielles du métier : la médiation, la recherche, la valorisation et la responsabilité sociale.
En tant qu’archiviste et chercheuse aux Archives nationales de Tunisie, Hafsa Saidi s’appuie sur son expérience pour présenter des initiatives telles que l’organisation d’expositions documentaires. Ces exemples illustrent comment l’archiviste contribue à la construction de la mémoire collective et à une meilleure compréhension de l’histoire nationale.
La médiation est abordée à travers l’analyse de ces expositions, soulignant le rôle de l’archiviste comme facilitateur d’un dialogue ouvert sur le passé. La recherche est mise en avant par la synergie entre archives et monde académique, enrichissant ainsi la recherche historique et la valorisation des archives.
La valorisation est explorée via des expositions documentaires rendant les archives plus accessibles au grand public. Les visites guidées sont présentées comme un outil puissant de valorisation, stimulant la réflexion critique sur le passé.
La responsabilité sociale de l’archiviste est examinée à travers le potentiel thérapeutique et réparateur de la recherche archivistique. Les archives contribuent à la compréhension des dynamiques historiques et à la construction d’une identité inclusive dans un pays en pleine évolution.
La communication soulève des questions sur le rôle de l’archiviste comme médiateur entre passé et présent, État et citoyens, et entre différentes narratives historiques. Elle ouvre le débat sur les responsabilités éthiques et sociales de la profession dans des contextes de changement.
En conclusion, cette réflexion vise à stimuler une discussion sur l’évolution du métier d’archiviste face aux exigences contemporaines, soulignant l’importance d’une approche holistique et le rôle crucial des archives dans la construction d’une société informée et réflexive.
Mots-clés : médiation, valorisation, responsabilité sociale, public
La recherche en archivistique sociale, du master au doctorat. Entre diffraction et polarisation, décaler le regard pour l’agrandir.
Table ronde animée par Charly Jollivet, Archives départementales de la Guadeloupe
Avec :
- Léa Kruczynski-Lalain (Conseil de l’Europe),
- Margot Georges (docteure en archivistique, consultante en archivistique, chercheuse associée au sein de l’unité de recherche Temos, productrice du podcast Archivistica – Le Podcast),
- Camille Rouffaud (doctorante en archivistique au sein de Temos, université d’Angers)
La recherche en archivistique sociale cherche à saisir les interactions entre archives, individu-es et société, à travers l’institution archivistique ou tout autre système de médiation. Elle s’efforce de se départir du caractère « archivo-centré » d’une archivistique principalement orientée vers un exercice professionnel. Si elle s’initie classiquement par un état de l’art et une revue de la littérature, elle suppose un travail préalable sur les propres représentations du chercheur-e et l’identification de ses impensés. Elle s’appuie sur des méthodes de recueil de données issues des sciences sociales, quantitatives ou qualitatives : enquêtes par voie d’entretien ou de questionnaire sur des échantillons probabilistes ou empiriques, analyse de sources primaires et secondaires, étude outillée du discours, séquences d’observation etc. Elle mobilise des concepts pour certains issus de travaux théoriques en archivistique – par exemple, le modèle dit de records continuum (Upward) ou celui des temps des archives (Lemay, Klein) –, de la sociologie ou de l’anthropologie – par exemple les logiques d’usage (Poissenot, Marcilloux), les dispositifs sociotechniques (Latour) – ou de la philosophie – par exemple, la postmodernité. Mais la posture de chercheur-e en archivistique est souvent indissociable de celle du ou de la professionnel-le des archives. Cette double identité crée un dialogue entre théorie et pratique, où la recherche interroge non seulement les concepts archivistiques mais aussi la réalité quotidienne des pratiques professionnelles. Le-la chercheur-e archiviste est amené-e à réfléchir sur ses propres postures et sur les biais introduits par sa pratique professionnelle.
La table ronde se propose de confronter le point de vue et l’expérience de chercheur-es en archivistique, du master au doctorat, porteur-ses de recherche individuelle ou collective. En quoi cette expérimentation de la recherche leur a-t-elle permis de modifier leur regard ? De le porter sur des angles oubliés ou masqués ? D’élargir ou au contraire de recentrer la focale ?
Mots-clés : recherche archivistique, archivistique sociale, sciences sociales




