Session “Pour une archivistique plus responsable”
présidée par Thi Phuong Nguyen
Mercredi 26 mars 2025 – 11h à 13h
Carré 2
Etat de l’art pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour la préservation des données
Pierre Fuzeau, SERDA
L’impact environnemental de la gestion du cycle de vie de
l’information est significatif tant pour les supports et formats physiques que
numériques. Aujourd’hui, les retours d’expérience et les mesures sont encore
très insuffisants pour pouvoir appliquer les bonnes pratiques
responsables.
Démarré dès 2020 avec les experts Carbone de la Coopérative
Carbone La Rochelle, Territoire Zéro Carbone, Serda Archimag a produit une
matrice permettant de mesurer en valeur basse et haute les émissions par unité
de mesure sur la base d’un calcul de 42 bilans carbone conformes aux bonnes
pratiques d’un bilan carbone (https://www.calameo.com/read/0040596131cdc72c698df?authid=cm75SUp5Neot).
Une partie des indicateurs traite de la préservation et des consultations tant
pour les corpus physiques que numériques sur des périodes courtes (10 ans)
comme longues (50 ans). Le référentiel a été diffusé en open source en 2022
dans sa première version et en 2024 dans sa seconde version.
Entretemps, l’usage de ce référentiel a permis de vérifier les
résultats et d’effectuer des calculs dans le cadre de retours d’expérience dans
les organisations publiques comme privées. De plus, la démarche de mesure
environnementale et le référentiel des 21 indicateurs ont été présentés et
diffusée dans le cadre du programme européen E-ARK European Archival Records
and Knowledge Preservation dont fait partie Serda.
L’ambition de cette conférence est de partager l’état de l’art en matière de facteurs d’émissions de GES appliqués à l’ensemble du cycle de vie des données et documents archivés dans le cadre d’une politique de préservation et les retours d’expériences de calculs et de bonnes pratiques destinées à réduire l’empreinte carbone du cycle de vie de l’information et en particulier de l’archivage sur les périodes longues.
Mots-clés : sobriété numérique, bilan carbone, préservation, cycle de vie des données, numérique responsable, gestion responsable des archives
Il faut que tout bouge pour que rien ne change
Julien Benedetti
Anne-Laure Donzel, Datactivist
Cette conférence se propose d’aborder l’archive comme une infrastructure et d’observer les éléments et les actes nécessaires à sa maintenance.
Les services d’archives, depuis le tournant numérique, sont à la fois producteurs de données, mais aussi réceptacle d’une production venant d’autres services ou d’individus. Les travaux sur l’archivage électronique se sont longtemps focalisés sur la longévité des supports, puis sur les formats, se limitant souvent aux aspects techniques de la pérennité. Mais bien moins sur le travail invisible des données (Denis et Goëta, 2016) qu’effectuent celles et ceux dont les tâches sont de maintenir les fonds d’archives intelligibles et accessibles.
Au-delà des seuls aspects technique ou matériel, la maintenance fait intervenir différents acteurs qui jouent un rôle dans la collecte et la conservation des archives numériques. Ces nouvelles collaborations s’accompagnent également d’une décentralisation de l’infrastructure des archives : outils, fonds, agents, usagers ne se retrouvent plus seulement dans une unité de bâtiment.
Maintenir l’infrastructure nécessite par ailleurs de prendre conscience de la fragilité de l’ensemble des artefacts composant le système, qu’ils soient humains, techniques ou matériels. La maintenance est un sujet d’autant plus critique pour les archives qu’elles s’inscrivent dans une temporalité particulière : celle de l’éternité, en théorie.
La maintenance suppose enfin de sortir d’une vision de sauvetage ou d’un acte unitaire de réparation, c’est, au contraire, un geste du quotidien qui devient une condition de pérennisation de l’information.
Pour explorer ce travail autour de la notion de maintenance et pour analyser comment il se traduit pour les archives numériques, nous nous appuierons sur des travaux de chercheurs en archivistique, mais aussi sur ceux de sociologues des organisations.
En complément de ce travail bibliographique, des entretiens avec les différents acteurs de la maintenance seront menés pour vous proposer cette conférence.
Mots-clés : maintenance, infrastructure, soin
Quelle attention voulons-nous ?
Jean-Pierre Deltour, Centre de gestion du Var
Cette communication se propose de questionner l’attention que promeut l’archiviste dans le cadre de certaines de ses activités (communication, valorisation, conseil, sensibilisation) et d’esquisser une éthique de l’action.
Quoi de plus anodin que de publier un post sur un réseau social pour annoncer la future exposition, ou d’encourager les agents de services producteurs à créer un groupe WhatsApp plutôt que de surcharger leurs boîtes mails de messages inutiles ? Lorsque l’on questionne ces actions sous l’angle de l’attention on se rend compte que l’on incite des personnes à utiliser des services qui participent à dégrader leurs capacités attentionnelles, entre autres effets négatifs. On constate des pratiques similaires dans des communautés ouvertement alternatives (militants altermondialistes, voire décroissants), qui utilisent paradoxalement google drive, communiquent via Instagram ou diffusent leurs vidéos sur YouTube. Il semble que ces usages soient devenus quasiment des réflexes et/ou des injonctions auxquelles il est difficile d’échapper. Pour éclairer cet état de fait nous nous demanderons pourquoi nous adoptons, ou conseillons d’adopter, de tels usages et comment faire autrement ? À l’heure où le discours officiel a décidé de limiter le numérique responsable aux aspects environnementaux, nous évoquerons une notion de responsabilité élargie englobant les régimes d’attention promus par nos actes, entre autres.
Nous aborderons succinctement la question de la prétendue inéluctabilité du progrès et de l’usage de ses créations, ainsi que celle des conséquences de ces usages, ceci afin d’éclairer la réflexion avant l’action. Nous évoquerons également le positionnement et les besoins de l’archiviste (visibilité, reconnaissance, voire « normalité ») et ce à quoi ces outils peuvent lui servir. Nous proposerons enfin des axes de questionnement pour l’archiviste, des exemples d’actions, qui peuvent contribuer à forger une éthique de l’attention dans notre pratique.
Mots-clés : éthique, responsabilité, usages du numérique, réflexivité




