Session “Archivistes et publics à la croisée des attentions – le renouvellement des dispositifs”
présidée par Louis Faivre d’Arcier
Mercredi 26 mars 2025 – 15h00 à 16h30
Jeudi 27 mars 2025 – 13h30 à 14h
Grand auditorium
CAD NAP 85, un outil au service de la connaissance des paysages vendéens : archives participatives et recherche internationale en Sud-Vendée
Emmanuelle Gardan, Archives départementales de la Vendée
Magali Watteaux, Université de Rennes 2
Dans le cadre de cette politique collaborative affirmée, les Archives départementales de la Vendée participent à un projet de vectorisation du cadastre napoléonien et de saisie participative des états de sections, ouvert au public à la rentrée 2024.
Mettant en commun les expériences riches et diverses d’institutions d’enseignement supérieur (Rennes 2) et de recherche (INRAP, ANR Parcedes), d’une part, et des Archives départementales et de spécialistes des systèmes d’information géographique (SIG) du Département de la Vendée, d’autre part, ce projet repose sur la participation du grand public, amateur d’histoire ou curieux, désirant porter un nouveau regard sur son environnement proche.
Dans l’optique de recherches (connaître la planimétrie et la propriété foncière au XIXe siècle, servir d’indicateur de
changements environnementaux, etc.), mais aussi d’enseignement et de valorisation, il a pour objectif de constituer un fichier de référence, homogène, issu du dépouillement des états de sections du cadastre dit napoléonien de vingt-huit communes situées dans le Sud Vendée dans un premier temps. La confrontation de ces données avec d’autres ressources historiques, cartographiques ou archéologique permettra de mieux connaître les anciens parcellaires. Les états de sections fournissent en effet, parcelle par parcelle et à une date donnée, l’utilisation du sol (labour, pré, bois, taillis, friche, jardin, bâti…), le nom du lieu (microtoponymie), ainsi que le nom du propriétaire. Les informations ainsi recueillies enrichissent automatiquement une carte : le paysage disparu du début du XIXe siècle se dévoile progressivement sous les yeux du public !
À travers cet exemple, l’intervention illustrera la façon dont les projets collaboratifs favorisent l’attention aux archives et nourrissent notre dialogue avec la recherche, et spécialement la recherche académique.
Mots-clés : cadastre napoléonien, états de sections, travail collaboratif, SIG, archéogéographie
Girophares, un dispositif d’indexation collaborative au service des Archives nationales : l’exemple des registres
d’inscriptions des clercs de notaires (XIXe siècle)
Noura Bahidj, Minutier central des notaires de Paris
En 2023, les Archives nationales ont lancé leur plateforme d’indexation collaborative à destination du grand public, baptisée « Girophares ». L’objectif est de permettre à tout un chacun de participer à la transcription ou à l’indexation de fonds d’archives, afin d’enrichir la Salle de Lecture Virtuelle.
Les projets sont sélectionnés avec soin pour être attractifs et élargir la cible des publics : étudiants en patrimoine, retraités, mais aussi passionnés d’histoire, en mettant en avant l’apport de leur participation sur l’avancement du projet et les bénéfices qui en seront tirés pour faciliter la recherche. Les 9 projets actuellement en ligne agrègent chacun entre 20 et 150 contributeurs. Cette participation variable est généralement en fonction de la difficulté des documents et des compétences en paléographie nécessaires.
Le Minutier central a ouvert au public deux projets sur des fonds qu’il conserve : les placards de décès (fin XVIIe – début XIXe siècles) et les registres d’inscription des clercs de notaire auprès de la Chambre des notaires de Paris, dans un premier temps sur une période allant de 1804 à 1867.
Cette communication se propose de présenter le projet Girophares, les leviers utilisés pour favoriser la collaboration, en prenant comme exemple le projet portant sur les registres d’inscription des clercs, lancé à l’automne 2024.
Mots-clés : plateforme collaborative, grand public, nouveaux espaces, Girophares, Archives nationales, Notaires de Paris
Des vidéos pour capter l’attention
Nathalie Regagnon, Archives départementales de la Haute-Garonne
La présence des Archives départementales de la Haute-Garonne sur les réseaux sociaux depuis 8 ans a profondément modifié
l’attention portée aux documents et à nos métiers : un nouveau public en ligne (jusque-là constitué par les internautes consultant les archives numérisées dans un but majoritairement documentaire) est rapidement apparu, attiré par une manière différente de communiquer sur les archives et l’histoire locale. L’idée de produire des vidéos à diffuser sur ces réseaux sociaux est elle-même la conséquence de l’attention que nous avons portée à ce nouveau public, curieux d’apprendre en se divertissant. Ainsi est née la série Docs en stock (20 épisodes à ce jour), ou comment présenter en quelques minutes un document ou un fonds remarquable, d’une manière attrayante voire décalée.
Le succès de cette série nous a donné l’idée de présenter aussi nos chercheurs, dans toute leur diversité, là aussi d’une
manière originale. Têtes chercheuses porte ainsi l’attention vers ce travail de l’ombre rarement médiatisé (le long dépouillement des archives par les historiens), mais aussi vers le « goût de l’archive ». Une nouvelle série autour des petits gestes des archivistes a commencé, et des portraits d’archivistes tout en poésie sont également en gestation.
Ces réalisations ont d’autant plus de sens pour nous qu’elles ont été entièrement conçues et réalisées en interne, sans budget dédié mais avec de l’envie, bousculant même nos métiers quand un archiviste se fait animateur ou un magasinier acteur : making of et envers du décor sont à découvrir en même temps que certaines de ces vidéos.
Mots-clés : vidéo, goût de l’archive, médiation, numérique, chercheurs
Donner une voix aux Archives du monde du travail
Marine Huguet, Archives nationales du monde du travail
Retours sur le partenariat entre les Archives du monde du travail et la compagnie théâtrale Nina pour la coproduction de deux lectures
d’archives. Ou comment théâtre et musique confèrent aux documents une véritable puissance émotionnelle.
Mots-clés : lectures d’archives, théâtralisation des archives
Garder le lien avec son public à la suite d’un projet de numérisation massif : l’expérience du tchat en ligne des archives de l’ONU Genève
Alex Renault, ONU Genève
Les archives de la Société des Nations (1919-1946, env. 3km linéaires) constituent un fonds unique faisant l’objet d’un grand intérêt de la part de publics divers : historien-ne-s, juristes, diplomates, particuliers… Depuis 2022, l’ensemble de ce fonds est entièrement numérisé et librement accessible en ligne via la plateforme des archives des Nations Unies à Genève – transformée pour l’occasion, et qui donne également accès aux inventaires ainsi qu’à d’autres fonds d’archives numérisées des Nations Unies.
Cette numérisation massive et la mise en place de la nouvelle plateforme, couplés à la popularisation du télétravail suite à la
crise sanitaire, ont bouleversé nos pratiques d’archivistes de référence de l’ONU Genève. L’impact le plus visible est la baisse de fréquentation de notre salle de lecture. Soucieux de conserver le lien établi de longue date avec notre public, nous avons mis en place plusieurs stratégies afin d’y parvenir. Parmi ces solutions, nos chercheurs-chercheuses peuvent depuis décembre 2022 entrer en communication avec nous via un « tchat » en direct, accessible depuis nos différentes pages web et notre plateforme.
À travers l’analyse de 300 conversations engagées via ce tchat au cours de l’année 2023, ce retour d’expérience vise à
présenter et analyser : les typologies des demandes reçues ; les attentes des chercheur-chercheuses et l’adaptation des archivistes ; les opportunités et les limites de cette fonctionnalité. Seront notamment abordés : le défi représenté par l’impossibilité de connaître le profil des utilisateurs-trices, la difficulté de répondre instantanément et de compenser l’absence d’interactions “en présentiel” ; les retours globalement positifs reçus, les nouvelles formes d’interaction avec notre public et l’opportunité d’accompagner celui-ci dans son rapport renouvelé aux archives (accès universel et plus démocratique à nos l’ensemble de nos fonds, développement des humanités
numériques, etc.).
Mots-clés : numérisation, accès universel, référence virtuelle, nouvelles pratiques






